Retrouvez le témoignage de la CPTS La Licorne, qui a mis en place depuis quelques mois un protocole local innovant pour améliorer la prise en charge des morsures de tiques et de la maladie de Lyme sur son territoire !
Merci à Fanny Lannes, la coordinatrice de la CPTS La Licorne pour son témoignage.
Nom de la CPTS
La Licorne
Nombre de professionnels installés
Une centaine
Population (taille de la CPTS)
18 622 habitants
Signature de l’ACI
Mai 2024
Territoire
Rural
Pilote
Fanny Lannes, coordinatrice depuis février 2024
L’idée était de déléguer la prescription d’antibiotiques à partir du moment où l’on caractérise le stade 1 de la maladie de Lyme, notamment via l’érythème migrant qui en est la manifestation caractéristique. On voulait que cette prescription soit accessible aux pharmaciens et aux infirmières.
L’objectif était double :
- Optimiser le temps médical en évitant par exemple les consultations médicales avec la tique encore accrochée ou une piqûre de tique de moins de 24 heures, qui sont des motifs évitables de consultation.
- Tester les différents outils à la disposition des CPTS comme la mise en place de protocoles locaux de coopération.

- Constitution d’un groupe pilote de cinq à huit personnes (médecins généralistes, pharmaciens, infirmiers) qui s’est réuni quatre fois en se basant sur un support national comprenant quarante-huit items qui ont permis de guider les réflexions (critères d’inclusion et d’exclusion,…). Un visuel de communication a ensuite été élaboré en lien avec un graphiste.
- Une formation spécifique a été créé pour former les professionnels de santé, non seulement au protocole mais aussi à la problématique abordée. Dans ce contexte, un pharmacien du territoire a fait un cours sur les classes d’antibiotiques, un médecin a conçu un QCM sur le protocole et la maladie de Lyme et le professeur Jean-François Fauché, chef du service infectiologie du CHU de Limoges (également référent du centre de prise en charge des maladies vectorielles à tiques de l’ancienne région Limousine), est intervenu pour parler de la prise en charge hospitalière de cette pathologie.
Cette formation s’est déroulée sur une journée pour aborder :
- La présentation du protocole,
- La conduite à tenir face aux patients,
- Des rappels sur la pathologie et les traitements,
- L’intervention de l’ARS et de la CPAM pour rassurer les professionnels sur le caractère officiel de la démarche.
- Le protocole a été déclaré auprès de l’ARS, avec transmission d’un certain nombre d’informations concernant les professionnels délégués et délégants (numéros RPPS, cartes professionnelles,…). Le protocole est effectif dès la déclaration, l’ARS peut interroger si besoin les responsables du protocole pour préciser certains points clés.
- Centralisation de l’ensemble des éléments sur un seul document (arbre décisionnel, protocole, ordonnance, compte-rendu, document à transmettre pour la rémunération. Ces documents sont à transmettre à la coordinatrice pour le suivi. Chaque délégué est associé à un déléguant. A ce jour, le protocole concerne dix-sept délégués pour trois délégants.
- Circulation de l’information et suivi des paiements : le document unique du protocole est adressé via une messagerie sécurisée de santé (MSS) au médecin déléguant ainsi qu’à la coordinatrice de la CPTS. Le patient reçoit également une copie papier de ce document ainsi qu’une fiche conseils avec le contact de tous les professionnels du territoire qui sont formés au suivi de la morsure des tiques. Le paiement a lieu chaque semestre. Douze euros sont versés au délégué et quatre euros sont versés au délégant. Le budget actuellement alloué à l’action permet à ce jour d’inclure cent vingt-cinq patients par an.
Pour la coordinatrice, ce protocole, bien que très stimulant, a nécessité du temps lors de son lancement : création et organisation de la formation, déclarations administratives, élaboration de supports pour les délégués et les délégants, suivi des statistiques de l’action, communication sur le protocole et son déploiement … Mais maintenant que le protocole est lancé, il nécessite beaucoup moins d’investissement.
Pour les professionnels de santé, la volonté était de proposer un protocole simple et applicable, afin qu’il soit réellement utile et utilisé.
Le Centre Régional des Maladies Vectorielles à Tiques (CRMVT) de Clermont-Ferrand avec qui nous avons organisé une Conférence à destination du grand public sur les tiques et la maladie de Lyme. Le CRMVT nous a permis de faire un partenariat avec le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) de la Creuse pour construire la fiche conseil sur les tiques et la maladie de Lyme et de découvrir l’initiative CiTIQUE basée dans le Grand Est qui est une initiative de « ticothèque » (centre de collecte des tiques) où le principe est de recevoir et d’analyser les tiques de la France entière pour permettre d’établir des taux d’infection par région.
La CPAM a aussi communiqué à destination de l’ensemble des pharmacies du territoire pour appuyer l’initiative de la CPTS.
On compte environ trente inclusions de mai à juillet 2025. L’action est valorisée dans le cadre de la mission 1 par un indicateur portant sur le déploiement d’un protocole.
Une deuxième session de formation est prévue en mars 2026 pour répondre à la demande de pharmaciens de pouvoir intégrer la démarche. Les formations sont communes et ouvertes aux délégants, délégués, étudiants et autres professionnels non impliqués directement dans le protocole.
Le protocole a depuis été déployé par une CPTS de Normandie. Des ajustements ont notamment porté sur la durée de la formation, réduite à une demi-journée.
Découvrez l’intégralité de l’interview et profitez-en aussi en version audio !